< ʆa main dans le sac, ou plutôt dans le cadavre * ʆuke >

I

< Putain. Quelle merde .. >

D'habitude, a une heure du matin, dans une ruelle sombre et isolée du coeur de Barcelone, je n'aurais jamais imaginé rencontrer quelqu'un. Surtout avec ce temps : la pluie tombait, légère et rafraîchissante, éclaboussant les pavés en brique rouges. J'avais été attiré dans cette ruelle, après avoir entraperçue une jeune femme à la peau laiteuse, contrastant sous la lune blafarde et le ciel noir. La façon dont elle était habillée, aussi, m'avait attiré : un short en jean, couleur rouge, des bottines noires et un simple perfecto noir en cuir. Ce qui m'avait tiré de mes rêvasseries, et d'une jeune fille dont je prévoyais d'en faire mon repas, était son attitude : de un, elle était comme moi, et de deux, elle semblait particulièrement affamé. Je me faisais le plus discret possible, mais pas trop non plus - les regards que l'on me lançait, je les renvoyais avec joie aux jeune femmes qui passaient à mes côtés, et déclenchaient des picotements dans mes gencives, me donnant l'envie de sauter sur l'une d'entre elles et de planter doucement mes crocs dans le creux de leur cou, ou n'importe ou, tant que je pouvais en profiter. La jeune femme en short rouge sortit totalement de mon esprit, quand une espagnole, donc la peau était recouverte d'un halo bronzée, engagea la conversation. Mes yeux, aux nuances grises, commençaient à tirer lentement vers une teinte plus foncée, mais toujours aussi brillante : ils devenaient bronze, au fil des minutes qui s'écoulaient, sans qu'elle réalise que je l'isolais dans un coin de rue. Pauvre naïve, te laisserais-je en vie, ou alors succomberas-tu à la sensation que ressent une victime, avant de t'écrouler sur les pavés ocres de ta ville natale. Alors qu'elle me murmurait des mots doux à l'oreille, et des tas d'autres choses en espagnol, ma bouche entrouverte frôlait la peau de son cou, et mes gencives me picotaient de plus en plus, pendant que je sentais mes crocs s'endolorir sous la douce tentation de son sang, avant que je ne me recule d'un coup et ouvre vivement les yeux.

Le sang. Je le sentais d'ici. J'en avais l'eau à la bouche. La jeune femme au short rouge me revint soudainement en idée. Ce qu'elle dégageait, sons corps sous la pluie, et son envie de sang. J'abandonnais l'espagnole, qui me couvrit de jurons, sans même me retourner, avant de retrouver la jeune femme, en sentant l'odeur du sang, tous mes muscles tendus. Mes lèvres s'étirèrent en un large sourire. Ce qui est bien, quand vous êtes un vampire ? La rapidité. Je me retrouva ainsi à ses côtés en quelques secondes, adossé au mur en face d'elle, la regardant s'acharner sur un jeune homme, qu'elle vidait de son sang. La tentation était à son comble, mais j'aimais me lancer des défis. Celui-ci en était un, et la fille en face de moi, me donnait encore plus envie. L'ambiance paraîtrait glauque, tordue et tout ce que vous voudrez pour n'importe qui, mais cela ne me gênait pas. J'attendais de voir sa réaction, un mince sourire toujours au coin des lèvres.

< Un problème ? >