{ Jane || « La littérature est la preuve que la vie ne suffit pas. »

La bibliothèque. Je me demande bien comment j'ai fait pour me retrouver dans un lieu comme celui-ci, totalement opposé à mon caractère, et à mon mode de vie en général. Un lieu calme, où l'on pouvait entendre avec joie les cœurs battre lentement, dans un rythme régulier et posé. J'aimais entendre ces battements de cœur, si doux et léger, qui me donnaient envie de m'en approcher, de le faire accélérer en quelques secondes pour le faire se taire brutalement, ou le laisser agoniser, le laisser me bercer encore quelques secondes, jusqu'à ce que je m'en lasse. Je sentis ma mâchoire se crisper, alors que j'écoutais le doux chant de la vie. Dehors, la pluie tombait avec abondance, accompagnée des bruits des gouttes s'écrasant sur le toit du bâtiment dans un bruit qui rompait le silence qui régnait dans ce lieu. J'étais le dos appuyé contre un mur, près d'une grande fenêtre qui donnait vue sur la cour de l'école, vide. Les yeux clos, je me concentrais sur les battements de coeur qui m'entouraient, aussi peu soient-ils. Je me concentrais sur un, qui avait une tonalité particulière, et qui me fit ouvrir les yeux. C'était quelque chose d'assez mélodieux, mais aussi irrégulier, comme la pluie sur le toit. Je me redressa rapidement, afin de me diriger vers les grandes étagères, où des livres à la couverture sûrement plus vieille que moi côtoyaient de nouveaux libres, à la couverture glacée. Je pris un livre au hasard, l'ouvrant à une page qui m'importait, pour feindre de me passionner dans ce passage, dont je ne lisais que par bribes, laissant les mots s'entrechoquer devant mes yeux, était plutôt intéressée par les battements de coeur, que j'entendais se rapprocher lentement de moi. A cette entente, je sentis ma mâchoire se crisper, et mes crocs s'enkiloser, ce qui provoqua un énervement soudain en moi.
J'avais faim.